L’abdomen sans préparation (ASP) compte parmi les examens radiologiques les plus pratiqués aux urgences, malgré des indications de plus en plus limitées et une irradiation non négligeable. Les informations obtenues sont en effet souvent insuffisantes pour aider le clinicien à prendre les bonnes décisions de prise en charge. Cet examen a également un coût non négligeable, alors que son rapport coût-bénéfice n’a jamais été démontré. Finalement, de nouvelles techniques radiologiques, tel que le scanner à faible dose d’irradiation, permettent d’obtenir des informations plus pertinentes en exposant les patients à une irradiation similaire à celle de l’ASP.
Ainsi, les indications à l’ASP aux urgences sont de plus en plus restrictives. Cependant, malgré des recommandations internationales, cette procédure est encore trop fréquemment réalisée aux urgences. Une étude récemment menée dans les services des urgences de l’Hôpital de La Tour et des Hôpitaux universitaires de Genève a révélé qu’un ASP a été effectué chez 1997 patients dans les deux services des urgences genevois (1810 aux HUG et 187 à La Tour), et que la majorité des indications ne sont pas conformes aux directives internationales. En se basant sur les recommandations françaises, seuls 11.8% des ASP effectués étaient appropriés, et seulement 46.2% respectaient les indications australiennes et anglaises.
Dans un souci d’amélioration de la qualité des soins, nous allons mettre en place des recommandations locales et des programmes de formation pour les médecins urgentistes travaillant dans ces services afin de réduire l’exposition de nos patients à une irradiation inutile et potentiellement néfaste. Cela correspond parfaitement aux campagnes Choosing Wisely, où la réduction des coûts n’est pas prioritaire mais peut devenir un effet collatéral positif quand elle converge avec l’intérêt des patients.
Prof. Dr med. Omar Kherad, MPH, médecin-chef du service de médecine interne, responsable qualité