
La réalité virtuelle médicale, et plus particulièrement l’hypnose immersive, peut faire office d’outil complémentaire pour gérer certains symptômes réfractaires. Ces technologies combinent une immersion visuelle apaisante et des suggestions hypnotiques conçues pour influencer la perception des sensations corporelles. Dans le cas de la dyspnée persistante (gêne respiratoire provoquant un essoufflement lors d'effort légers, mais qui peut même apparaitre au repos lorsque la maladie atteint un stade avancé), l’objectif est d’aider le patient à reprendre le contrôle de sa respiration, de diminuer l’anxiété qui l’accompagne et d’améliorer le bien-être global.
Cette observation s’appuie sur un design d’essai clinique « N-of-1 ». Cette méthodologie consiste à évaluer l’effet d’un traitement chez un patient individuel, en alternant à plusieurs reprises les conditions expérimentales et de contrôle. Ce type de recherche réduit les incertitudes thérapeutiques quand l’effet du traitement est variable d’un individu à l’autre avec une forte validité interne et permet d’offrir ainsi un traitement réellement personnalisé. Dans cette étude, les patients souffrant de dyspnée persistante ont été exposés à des séances d’hypnose en réalité virtuelle (VRH) et à des immersions visuelles agréables sans contenu hypnotique. Cette approche a permis de comparer l’effet de l’hypnose immersive à celui d’une simple distraction dans des conditions contrôlées mais directement applicables en pratique clinique.
Hugo Bothorel (Responsable de la recherche clinique et adjoint à la Direction médicale) et PD Dr med Dan Adler (Pneumologue)
L’hypnose en réalité virtuelle a été réalisée via le dispositif HypnoVR. Ce dispositif combine un casque immersif, des écouteurs antibruit et une application qui permet de choisir des environnements apaisants comme une promenade en forêt ou un vol paisible. À cela s’ajoutent des scripts hypnotiques prédéfinis, diffusés pendant la séance, qui guident le patient vers un état de relaxation profonde. Cette combinaison vise à modifier l’expérience subjective de la respiration et à apaiser les circuits neuronaux associés à la perception de la dyspnée.
Les résultats : une réponse variable mais un bien-être partagé
Les résultats sont intéressants et illustrent bien l’importance de personnaliser les traitements. Chez certains patients, les séances d’hypnose immersive entraînent une réduction notable de l’intensité de la dyspnée et un net regain de bien-être. Ces patients expriment en général un réel soulagement pendant les sessions et souhaitent poursuivre l’expérience dans un cadre hospitalier pendant qu’ils récupèrent progressivement d’une exacerbation respiratoire. Chez d’autres patients, la VRH n’a pas diminué l’intensité de la dyspnée. Elle a néanmoins participé à une amélioration marquée du bien-être général, ce qui démontre que cette technologie peut apporter un apaisement, même en l’absence d’effet direct sur la dyspnée.
Perspectives : la VRH dans la réhabilitation respiratoire
Notre expérience montre que les patients sont ouverts à ces solutions, surtout lorsqu’elles sont proposées dans un cadre sécurisé et encadré. Si la perspective d’utiliser la VRH à domicile reste encore lointaine pour certains, son utilisation en milieu hospitalier ou en centre de rééducation semble prometteuse.
Dans cette dynamique, l’Hôpital de La Tour a choisi d’intégrer l’hypnose en réalité virtuelle au parcours de soin des patients en pneumologie. Cette démarche innovante vise à offrir un soutien complémentaire aux traitements conventionnels et à renforcer la qualité de vie des patients souffrant de dyspnée persistante.
« Nous constatons que l’hypnose en réalité virtuelle apporte aujourd’hui un véritable bénéfice respiratoire et sur le bien-être en général chez des patients correctement sélectionnés. Elle complète utilement l’arsenal thérapeutique conventionnel et contribue à rendre au patient un sentiment de contrôle de leur respiration », explique le PD Dr med Dan Adler, pneumologue à l’Hôpital de La Tour.
En somme, l’hypnose en réalité virtuelle apparaît comme une piste innovante pour enrichir l’arsenal thérapeutique contre la dyspnée persistante. Si son efficacité directe sur la dyspnée doit encore être confirmée par d’autres études, ses bénéfices en pratique clinique sont déjà perceptibles.