Chaque année, près de 20 000 Suisses sont touchés par un accident vasculaire cérébral. Il s’agit de l’une des principales causes de décès et de handicap durable chez l’adulte. Seul un patient sur dix retrouve une autonomie complète après un AVC, les autres gardant des séquelles motrices, cognitives, du langage ou émotionnelles.
Symptômes de l’AVC
La reconnaissance précoce des signes de l’AVC est essentielle pour réduire les lésions cérébrales et améliorer les chances de rétablissement. Les symptômes varient selon la zone cérébrale touchée, mais certains signes d’alerte sont fréquents :
Une paralysie faciale soudaine peut se manifester, affectant souvent un seul côté du visage. De même, une faiblesse ou un engourdissement du bras ou de la jambe, généralement d’un seul côté du corps, est fréquent. La personne peut avoir du mal à lever les deux bras ou présenter un affaissement d’un côté du visage lorsqu’elle essaie de sourire.
Des troubles de la parole, comme une difficulté à parler ou à comprendre ce que disent les autres, doivent alerter. Des troubles visuels, allant d’une vision double à une perte soudaine de la vue, peuvent aussi être présents. Enfin, un mal de tête intense et inhabituel, souvent accompagné de vomissements ou de vertiges sévères, peut traduire un AVC hémorragique.
Il est impératif d’agir immédiatement en présence de ces signes, même s’ils semblent s’estomper : le pronostic dépend du délai d’intervention.
Causes de l’AVC
L’AVC ischémique résulte d’une obstruction d’une artère cérébrale par un caillot sanguin. Cette obstruction peut être causée par une thrombose locale (formation du caillot directement dans l’artère cérébrale) ou par une embolie (migration d’un caillot depuis une autre partie du corps, souvent le cœur).
Les caillots peuvent se former à partir de dépôts graisseux dans les artères (athérosclérose) ou être liés à des troubles cardiaques comme la fibrillation auriculaire. Dans certains cas, aucune cause précise n’est identifiée, même après investigation approfondie.
L’AVC hémorragique, quant à lui, est dû à la rupture d’un vaisseau cérébral. Cette rupture peut être provoquée par une hypertension artérielle non contrôlée, un anévrisme, un traumatisme crânien ou encore une anomalie congénitale des vaisseaux (malformation artério-veineuse, ou MAV).
Chez les jeunes adultes, certaines causes spécifiques doivent être envisagées, comme les troubles de la coagulation, l’usage de contraceptifs oraux, les maladies auto-immunes, ou encore les complications de la grossesse.
Facteurs de risque
L’AVC est fréquemment associé à des facteurs de risque modifiables, c’est-à-dire sur lesquels une intervention ciblée peut réduire la probabilité d’un événement vasculaire cérébral.
Parmi les plus répandus figure l’hypertension artérielle. Elle est décrite comme le facteur de risque modifiable le plus courant. Viennent ensuite le diabète, le tabagisme, l’hyperlipidémie, le surpoids, une alimentation déséquilibrée, la sédentarité et la consommation excessive d’alcool.
Certaines pathologies cardiaques, comme la fibrillation auriculaire, constituent également un terrain propice à la formation d’emboles pouvant migrer vers les artères cérébrales.
Des facteurs non modifiables entrent également en ligne de compte. L’âge est un facteur déterminant : après 55 ans, le risque d’AVC augmente significativement. Le sexe joue aussi un rôle, les femmes présentant un risque accru de séquelles invalidantes. Les antécédents familiaux d’AVC, de même que certaines prédispositions génétiques, influencent également le risque individuel.
Diagnostic de l’AVC
Le diagnostic de l’AVC repose sur une démarche clinique rapide et structurée. L’objectif est d’identifier le type d’AVC, d’en localiser la zone cérébrale affectée, et de déterminer les causes sous-jacentes.
Le processus débute par l’évaluation des signes neurologiques. Une anamnèse précise permet d’établir l’heure exacte de début des symptômes, critère essentiel pour l’éligibilité à certaines thérapies. L’examen physique complète cette approche en évaluant l’état de conscience, les fonctions motrices, la parole, et les réflexes.
Un scanner cérébral sans injection est systématiquement réalisé. Il permet de différencier l’AVC ischémique, caractérisé par une obstruction artérielle, de l’AVC hémorragique, causé par une rupture de vaisseau. Dans certains cas, une imagerie par résonance magnétique (IRM) peut être utilisée pour affiner le diagnostic, notamment dans les formes subtiles ou les infarctus du tronc cérébral.
Des examens complémentaires sont souvent nécessaires : analyses sanguines, électrocardiogramme, échocardiographie, ou encore doppler des artères cervicales et intracrâniennes. L’ensemble vise à identifier des facteurs contributifs tels qu’une pathologie cardiaque, une anomalie de coagulation ou une sténose carotidienne.
Traitements de l’AVC
La prise en charge thérapeutique de l’AVC dépend de sa nature, de sa précocité et du profil du patient. Dans tous les cas, elle repose sur l’urgence de l’intervention.
- En cas d’AVC ischémique, un traitement peut être initié dans les premières heures suivant l’apparition des symptômes. Selon certains critères ce délai peut aller jusqu’à 24 heures. Il peut s’agir d’une thrombolyse intraveineuse ou d’une thrombectomie mécanique, particulièrement en présence d’une occlusion d’un gros vaisseau cérébral. Une évaluation spécialisée en urgence est nécessaire pour déterminer la meilleure stratégie thérapeutique
- Pour les AVC hémorragiques, la priorité est de stabiliser le patient. Il s’agit de contrôler la pression artérielle, de corriger d’éventuels troubles de la coagulation, et d’évaluer la nécessité d’une intervention chirurgicale en cas d’hématome compressif.
Dans tous les cas, la prise en charge hospitalière inclut le maintien des fonctions vitales, la prévention des complications (infections pulmonaires, thromboses, escarres), et la planification d’une rééducation adaptée. Une prise en charge précoce en unité neurovasculaire spécialisée améliore significativement le pronostic fonctionnel et réduit la mortalité.
Evolutions et complications possibles
L’AVC entraîne des conséquences immédiates, mais il peut également laisser place à des complications évolutives qui altèrent profondément la qualité de vie. Environ deux tiers des personnes ayant survécu à un AVC souffrent de séquelles physiques, cognitives ou psychologiques durables.
Parmi les complications fréquentes figurent les troubles moteurs, tels que l’hémiplégie, la spasticité musculaire, ou encore une faiblesse chronique d’un côté du corps. Sur le plan cognitif, les patients peuvent présenter des troubles de la mémoire, des troubles de l’attention ou du langage (aphasie). Des troubles de l’humeur sont également fréquents, notamment la dépression post-AVC, parfois difficile à diagnostiquer. Un autre risque important réside dans les récidives. Le risque de nouvel AVC est estimé à environ 20 % à cinq ans, notamment chez les patients dont les facteurs de risque n’ont pas été suffisamment pris en charge. Enfin, des complications médicales secondaires peuvent survenir en phase aiguë : infections respiratoires, escarres, troubles de la déglutition, thromboses veineuses profondes ou crises épileptiques.
Prévention de l’AVC
La prévention de l’AVC repose principalement sur la réduction des facteurs de risque modifiables. On estime que près de 80 % des AVC pourraient être évités grâce à une hygiène de vie adaptée et à une prise en charge médicale appropriée.
La prévention passe par un contrôle rigoureux de la pression artérielle, du diabète et du cholestérol. La fibrillation auriculaire, trouble du rythme cardiaque à haut risque embolique, doit être diagnostiquée et traitée rapidement. Le sevrage tabagique et la réduction de la consommation d’alcool sont également recommandés.
L’adoption d’un mode de vie sain constitue un levier important : alimentation équilibrée, activité physique régulière, hydratation suffisante, réduction du stress et maintien d’un poids de forme sont des mesures à la portée de tous.
Quand contacter le médecin ?
Un AVC constitue une urgence absolue. En cas de survenue de symptômes évocateurs, même transitoires, il convient d'appeler immédiatement les services de secours.
Il est essentiel de reconnaître rapidement les signes d’alerte : affaissement d’un côté du visage, faiblesse d’un bras ou d’une jambe, trouble soudain de la parole ou de la compréhension, trouble visuel ou perte d’équilibre.
L’acronyme anglo-saxon FAST (« Face, Arm, Speech, Time ») peut être utilisé comme repère simple : Face (le visage se déforme, paralysie d’un côté), Arm (un bras tombe ou difficulté à le mouvoir), Speech (la parole est confuse, difficulté à articuler), Time (chaque minute compte, en présence d’un ou plusieurs de ces signes, appeler les urgences).
Même si les signes disparaissent rapidement, une consultation d’urgence s’impose, car cela peut correspondre à un accident ischémique transitoire (AIT), précurseur d’un AVC majeur. Seule une évaluation médicale approfondie peut trancher et mettre en œuvre une prévention secondaire efficace.
La prise en charge à l’Hôpital de La Tour
À l’Hôpital de La Tour, la prise en charge de l’AVC repose sur une coordination rigoureuse entre les services d’urgence, de médecine interne, de soins intensifs et de neurologie. Grâce à son statut d’établissement privé de soins aigus, ouvert 24h/24 et 7j/7, l’Hôpital assure une réponse rapide et structurée dès l’arrivée du patient.
FAQ sur l'AVC
Un AVC peut-il survenir sans facteur de risque identifiable ?
Oui, bien qu’ils soient rares, certains AVC surviennent en l’absence de facteur connu. On parle alors d’AVC cryptogénique. Une évaluation approfondie permet parfois d’identifier une cause sous-jacente non évidente initialement.
Quel est le délai optimal pour agir en cas d’AVC ?
Le plus tôt est le mieux.
Qu’est-ce qu’un accident ischémique transitoire (AIT) ?
C’est un épisode bref, durant moins de 24 heures (souvent quelques minutes), provoqué par une interruption temporaire de la circulation sanguine cérébrale. Il n’entraîne pas de séquelle, mais doit être pris très au sérieux, car il annonce un risque accru d’AVC.
L’AVC est-il toujours douloureux ?
Non. Beaucoup d’AVC ne s’accompagnent d’aucune douleur, ce qui peut retarder la prise de conscience. Cependant, les AVC hémorragiques peuvent provoquer des céphalées violentes.
Peut-on récupérer complètement après un AVC ?
Oui, mais cela dépend de nombreux facteurs : gravité de l’AVC, délai de prise en charge, localisation, âge du patient, état de santé global. Seuls 10 % des patients retrouvent toutes leurs capacités.
L’AVC touche-t-il les jeunes ?
Oui, environ 3 à 4 % des AVC surviennent chez des personnes âgées de 15 à 45 ans. Les causes diffèrent souvent de celles observées chez les sujets âgés.
Quels examens permettent de confirmer un AVC ?
Un scanner cérébral sans contraste est l’examen initial de référence. L’IRM est utilisée dans certains cas. D’autres tests sont réalisés en fonction du contexte clinique (ECG, doppler, bilans sanguins, etc.).
Une personne ayant eu un AVC peut-elle conduire à nouveau ?
Cela dépend de la récupération fonctionnelle. Une évaluation médicale est obligatoire avant toute reprise de la conduite. En cas de troubles cognitifs ou moteurs persistants, la conduite peut être contre-indiquée.