Après avoir donné la vie, le corps d’une mère continue à se modifier au fil des semaines. Elle doit alors rééduquer son périnée, ce muscle qui entoure le vagin et qui se voit affaibli. Cette étape concerne toutes les femmes. «On croit souvent, à tort, que le fait d’avoir accouché par césarienne n’affecte pas le périnée. Mais c’est bien la grossesse, le poids du bébé sur le plancher pelvien qui relâche ce muscle», explique Noémie Raphanel, sage-femme spécialisée en rééducation périnéale à l’Hôpital de La Tour.
Un traitement personnalisé
Ouverte du lundi au jeudi dans le bâtiment de la Maternité, la consultation en rééducation périnéale est assurée par des sages-femmes spécialement formées à cette fin. Les séances consistent à renforcer ce muscle au moyen de différentes techniques. Le traitement est choisi en fonction des aptitudes et des symptômes de chaque patiente. Il est préconisé de commencer le traitement au plus tôt 6 à 8 semaines après la naissance de l’enfant, mais il n’est jamais trop tard.
Généralement, il faut compter neuf séances, accompagnées d’exercices que les mères peuvent faire à domicile. « Nous leur donnons des clés, et nous les encourageons à intégrer ces techniques de prévention dans leur quotidien », explique la sage-femme. Sans prendre soin de leur périnée, les femmes font face à des risques d’incontinence d’urines ou de gaz, et de prolapsus, soit le glissement vers le bas d’un ou plusieurs organes pelviens.
Cependant, la rééducation périnéale ne concerne pas uniquement les mères qui viennent d’accoucher. « On parle de rééducation, mais on devrait parler d’éducation. Les femmes qui viennent nous voir découvrent souvent leur périnée pour la première fois », constate Noémie Raphanel.
Toutes les tranches d’âge concernées
La consultation spécialisée de l’Hôpital de La Tour accueille également des femmes souffrant de dyspareunie, c’est-à-dire de douleurs lors des rapports sexuels. «Cela peut les plonger dans un grand désarroi; elles rencontrent souvent de la difficulté à être entendues par un professionnel de la santé.» La consultation reçoit également des patientes en cours de grossesse et pour beaucoup, des femmes en périménopause. « Nous leur conseillons de consulter dès les premiers symptômes d’incontinence ou de pesanteur pelvienne. Les sages-femmes sont des acteurs de choix, puisqu’elles connaissent parfaitement le corps féminin. »
La rééducation du périnée améliore les symptômes d’autres pathologies, telles que l’hyperactivité vésicale, qui nécessite d’aller uriner 10 à 15 fois par jour. Les femmes retrouvent ainsi un certain confort de vie. " Nous voyons des femmes découvrir leur périnée et s’épanouir de séance en séance. Plus les femmes ont une bonne connaissance de leur corps et une bonne maîtrise de leur périnée, plus elles vivront une vie sexuelle de qualité.»