Dans la plupart des cas, la gonorrhée passe inaperçue : les symptômes sont absents ou discrets, ce qui en complique le diagnostic et favorise sa propagation silencieuse.
Symptômes de la gonorrhée
Dans de nombreux cas, la gonorrhée ne provoque aucun symptôme visible, en particulier chez les femmes. Cette caractéristique asymptomatique rend l'infection difficile à dépister sans un test ciblé. Lorsqu'ils apparaissent, les symptômes varient selon le sexe biologique et la localisation de l'infection.
Chez les femmes
La gonorrhée peut entraîner une augmentation des pertes vaginales, des douleurs ou une sensation de brûlure lors de la miction, des saignements entre les règles ou après un rapport sexuel, ainsi que des douleurs abdominales ou pelviennes. Ces signes peuvent être discrets et souvent confondus avec d'autres infections urogénitales à type de cystite ou de vaginose bactérienne.
Chez les hommes
Les symptômes sont généralement plus francs. Ils se manifestent souvent par une douleur ou une brûlure à la miction, un écoulement purulent jaune-vert à l'extrémité du pénis, et parfois une douleur ou un gonflement testiculaire unilatéral.
Dans les deux sexes, la gonorrhée peut affecter d'autres sites. Au niveau rectal, elle provoque des douleurs anales, des démangeaisons, des écoulements ou des saignements. Une infection de la gorge (pharyngite) peut occasionner un mal de gorge ou passer totalement inaperçue. Enfin, dans les cas plus rares mais plus graves, la bactérie peut se propager aux articulations, causant douleurs, rougeur et gonflement.
Causes de la gonorrhée
La gonorrhée est causée par une bactérie, Neisseria gonorrhoeae, aussi appelée gonocoque. Cette bactérie se transmet lors de rapports sexuels vaginaux, oraux ou anaux non protégés avec une personne infectée. Elle colonise les muqueuses du système génito-urinaire, mais peut également atteindre le rectum, la gorge, les yeux et, chez le nouveau-né, se manifester à travers une conjonctivite transmissible lors de l'accouchement pouvant évoluer vers une cécité en l’absence de traitement.
La transmission se fait par contact direct avec les sécrétions infectées : sperme, fluides vaginaux, ou même présence de la bactérie sur les muqueuses. Le portage asymptomatique favorise fortement la propagation silencieuse de l'infection.
Facteurs de risque de la gonorrhée
Certaines situations augmentent la probabilité de contracter la gonorrhée. Les personnes sexuellement actives de moins de 30 ans, notamment les femmes, ainsi que les hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes (HSH), sont considérés comme des groupes à risque accru.
Le fait d'avoir plusieurs partenaires sexuels, de changer fréquemment de partenaire, ou d'avoir un partenaire ayant d'autres partenaires sexuels accroît également le risque. Avoir des antécédents personnels d'IST constitue un facteur de vulnérabilité supplémentaire.
Ces facteurs de risque justifient un dépistage régulier, même en l'absence de symptômes.
Diagnostic de la gonorrhée
Le diagnostic de la gonorrhée repose sur l'analyse de prélèvements biologiques. Le test le plus couramment utilisé est le test d'amplification des acides nucléiques (TAAN), réalisé sur un échantillon d'urine ou un prélèvement local (cervix, urètre, rectum ou gorge) selon le ou les sites d'exposition.
Chez les femmes, un prélèvement cervical est souvent effectué, tandis que chez les hommes, un échantillon urinaire suffit dans la plupart des cas. En cas de pratique sexuelle anale ou orale, des prélèvements rectaux ou pharyngés sont recommandés.
Les auto-tests disponibles sans ordonnance peuvent détecter une infection, mais ils n'ont pas valeur de diagnostic définitif : une confirmation médicale est indispensable.
Traitements de la gonorrhée
La gonorrhée est une infection qui peut être guérie par un traitement antibiotique ciblé. La prise en charge repose sur l'administration d'une injection unique intramusculaire de ceftriaxone. Lorsque la co-infection par Chlamydia trachomatis n'est pas exclue, une antibiothérapie complémentaire par doxycycline est associée. Le traitement doit être administré rapidement après le diagnostic, même en l’absence de symptômes, afin de limiter la transmission. Il est également recommandé de traiter les partenaires sexuels récents (dans les 60 jours précédents) pour éviter les réinfections croisées. Enfin, une abstinence sexuelle est préconisée pendant les sept jours suivant le traitement et jusqu’à disparition complète des symptômes, afin de prévenir toute transmission ultérieure. Dans les cas d'infections persistantes, un nouveau test, accompagné d'une culture avec antibiogramme, permet de détecter une éventuelle résistance aux antibiotiques.
Evolutions et complications possibles
Lorsqu'elle n'est pas traitée, la gonorrhée peut entraîner de graves conséquences. Chez les femmes, l'infection peut remonter vers l'utérus et les trompes, provoquant une maladie inflammatoire pelvienne (MIP), cause potentielle d'infertilité (en raison des lésions des trompes), de grossesses extra-utérines et de douleurs pelviennes chroniques.
Chez les hommes, la gonorrhée peut entraîner une épididymite, une inflammation du canal transportant les spermatozoïdes. Si elle n’est pas prise en charge, cette affection peut altérer la fertilité. La bactérie Neisseria gonorrhoeae peut également passer dans la circulation sanguine et provoquer des infections disséminées, telles que l’arthrite septique, la dermatite gonococcique ou, plus rarement des infections systémiques comme la méningite ou l’endocardite.
Chez le nouveau-né, la transmission pendant l’accouchement peut entraîner une conjonctivite purulente grave (ophtalmie néonatale), avec un risque de cécité en l’absence de traitement.
Prévention de la gonorrhée
L’usage correct du préservatif réduit de manière significative le risque d’infection, quel que soit le type de rapport (vaginal, anal ou oral). Le dépistage régulier est recommandé pour les populations exposées au risque. Enfin, une stratégie préventive innovante a récemment été validée exclusivement pour les populations à risque : la prise de doxycycline en post-exposition (doxy-PEP), dans les 72 heures suivant un rapport sexuel, permettrait de réduire de près de 50 % le risque de gonorrhée
Quand contacter le médecin ?
Il est fortement recommandé de consulter un professionnel de santé dès l’apparition de certains symptômes évoquant une infection à Neisseria gonorrhoeae :
- brûlure à la miction ;
- écoulement anormal du pénis, du vagin ou du rectum ;
- douleurs pelviennes ou abdominales chez la femme ;
- gonflement testiculaire chez l’homme.
Même en l’absence de symptômes, une consultation est indispensable si un partenaire a été diagnostiqué positif, ou en cas de rapports sexuels non protégés avec un partenaire dont le statut est inconnu. Le traitement rapide est non seulement important pour la santé de la personne infectée, mais aussi pour éviter de contaminer d’autres individus.
FAQ sur la gonorrhée
Est-ce que la gonorrhée peut guérir toute seule ?
Non. La gonorrhée ne disparaît pas spontanément. Sans traitement, elle peut persister dans l’organisme, évoluer vers des formes plus graves et entraîner des complications comme la stérilité ou des infections disséminées Un traitement antibiotique est indispensable pour guérir l’infection.
Peut-on être infecté par la gonorrhée sans le savoir ?
Oui, c’est même fréquent. Une majorité de femmes, et un nombre non négligeable d’hommes, ne présentent aucun symptôme perceptible. Cela explique pourquoi l’infection peut passer inaperçue et être transmise à d’autres sans que la personne infectée ne le sache.
Après traitement, suis-je immunisé contre la gonorrhée ?
Non. Une infection guérie ne protège pas contre une nouvelle contamination. Il est possible d’être infecté plusieurs fois au cours de sa vie, notamment si les pratiques sexuelles à risque se poursuivent.
Faut-il traiter les deux partenaires en même temps ?
Oui. Pour éviter les réinfections croisées, il est essentiel que tous les partenaires sexuels récents (au cours des 60 derniers jours) soient testés et traités, même en l’absence de symptômes. Cela fait partie intégrante de la stratégie de prise en charge.
Le préservatif protège-t-il vraiment de la gonorrhée ?
Oui, s’il est utilisé correctement et systématiquement, le préservatif réduit de façon significative le risque de transmission de la gonorrhée, quel que soit le type de rapport sexuel (vaginal, anal ou oral).
Comment se passe le test de dépistage ?
Le dépistage repose sur un prélèvement d’urine ou un écouvillonnage (vaginal, anal, ou pharyngé) selon les pratiques sexuelles. Le test le plus couramment utilisé est le test d’amplification des acides nucléiques (TAAN), à la fois rapide et très fiable.
Est-ce que la gonorrhée peut toucher d’autres parties du corps que les organes génitaux ?
Oui. La gonorrhée peut aussi infecter le rectum, la gorge, les yeux (surtout chez les nourrissons), et, plus rarement, les articulations ou le sang. Ces formes extragénitales nécessitent un diagnostic spécifique et un traitement adapté.