Selon des extrapolations de l’OFSP, 1 200 à 1 800 personnes meurent chaque année en Suisse en raison d’erreurs de prescription médicamenteuse, et, parmi ces décès, 200 pourraient être évités. Le problème se pose aussi dans les hôpitaux, où un patient sur dix est concerné par un tel préjudice.
La sortie du patient, un moment clé
On estime que 20 000 séjours hospitaliers par an sont dus à des problèmes de médication. Ceux-ci représentent ainsi la deuxième cause d’événements indésirables en milieu hospitalier, juste derrière les gestes techniques. Ces erreurs peuvent survenir tout au long de la chaîne médicale en milieu ambulatoire ou hospitalier, mais il est reconnu que les périodes de transitions de prise en charge exposent les patients à un risque accru. La sortie des patients après un séjour hospitalier est un moment clé pour les erreurs de prescription. Ces dernières sont responsables d’un grand nombre de ré-hospitalisations et/ou de visites en urgence dans les jours qui suivent la sortie. Aussi, nous nous sommes intéressés à la sortie des patients dans le service de médecine interne de L’Hôpital de La Tour, où plus de 1300 patients sont hospitalisés annuellement.
La polymédication ou une prédisposition aux erreurs de prescription
On estime que plus de 6 médicaments sont administrés en moyenne par jour et par patients : cette polymédication prédispose bien évidemment aux erreurs de prescription. Les unités de médecine interne (UMI/UMC) de l’Hôpital de La Tour ont mis en place un projet qualité sur la réconciliation médicamenteuse qui s’intéresse tant à l’admission des patients, où les soignants questionnent plusieurs sources pour vérifier le traitement du patient et éviter les erreurs, qu’à la sortie du patient où plusieurs interventions sont entreprises pour assurer le suivi du patient et de son observance. Un pharmacien clinicien participe 1 fois par semaine aux visites médicales et donne son avis d’expert pour réduire la polymédication inutile, tout en vérifiant les interactions. A la sortie du séjour hospitalier, une assistante en pharmacie vérifie de nouveau si le patient a bien compris son traitement et, au besoin, rédige une carte de traitement. L’objectif est de diminuer les réhospitalisations évitables suite à des erreurs de prescription, comme rapporté par l’Association nationale pour le développement de la qualité dans les hôpitaux et les cliniques (ANQ).
Prof. Dr med. Omar Kherad, MPH, médecin-chef du service de médecine interne, responsable qualité