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Mastite

La mastite est une inflammation du tissu mammaire qui peut être accompagnée ou non d'une infection bactérienne. Elle touche principalement les femmes allaitantes, mais peut également survenir chez des personnes n'allaitant pas, y compris les hommes. Cette affection entraîne des douleurs mammaires, une rougeur localisée et un gonflement, parfois accompagné de fièvre et d'un état général altéré.

On distingue deux types principaux de mastite :
La mastite lactationnelle, qui survient généralement dans les premières semaines suivant l’accouchement. Elle est souvent causée par une stagnation du lait dans les canaux lactifères, favorisant la prolifération bactérienne.
La mastite non lactationnelle, qui inclut notamment la mastite périductale et la mastite granulomateuse idiopathique (MGI). Ces formes peuvent toucher des femmes en dehors de la période d’allaitement et ont des causes diverses, parfois inflammatoires ou infectieuses.
Un diagnostic et un traitement précoces sont essentiels pour éviter les complications, telles que la formation d’abcès mammaires ou, dans de rares cas, une évolution vers une septicémie.
 

Anatomie et physiopathologie du sein

Le sein est composé de lobules, où est produit le lait, et de canaux lactifères, qui transportent ce lait vers le mamelon. Ces structures sont entourées de tissu adipeux et conjonctif, ainsi que d’un réseau vasculaire et lymphatique dense. Pendant l’allaitement, une vidange inadéquate des canaux lactifères peut provoquer une stagnation du lait, favorisant ainsi une inflammation locale.

La mastite survient lorsque cette inflammation se propage et entraîne un gonflement des tissus, comprimant davantage les canaux lactifères et aggravant la rétention de lait.

Symptômes de la mastite

Les symptômes de la mastite peuvent apparaître brutalement et s’aggraver en l’absence de prise en charge rapide. La présentation clinique varie selon le type de mastite.

Symptômes de mastite lactationnelle

Les patientes présentent généralement :

  • Une rougeur bien délimitée et douloureuse sur un sein.
  • Une sensation de chaleur locale.
  • Une douleur persistante, souvent accompagnée d’une sensation de brûlure pendant l’allaitement.
  • Une fièvre supérieure à 38°C et des frissons.
  • Un état général altéré avec fatigue et courbatures.

Ces signes sont caractéristiques d’une infection bactérienne sous-jacente. Si l’inflammation progresse, un abcès mammaire peut se former, nécessitant une évacuation chirurgicale.

Symptômes de mastite non lactationnelle

Dans la mastite non liée à l’allaitement, les symptômes varient selon la cause sous-jacente :

  • Mastite périductale : se manifeste par une masse inflammatoire sous l’aréole, parfois associée à un écoulement mamelonnaire purulent et un mamelon inversé.
  • Mastite granulomateuse idiopathique : peut imiter un cancer du sein, avec la présence d’une masse dure, une rétraction du mamelon et une inflammation de la peau en "peau d’orange".

Dans tous les cas, une persistance des symptômes pendant plus de 48 heures malgré un traitement symptomatique nécessite une consultation médicale pour éviter les complications
 

Causes de la mastite

La mastite résulte généralement d’une combinaison de facteurs favorisant l’inflammation et l’infection du sein. Ses origines diffèrent selon qu’elle survient chez une femme allaitante ou non.

Causes de mastite lactationnelle

Chez les femmes qui allaitent, la mastite est souvent due à une stagnation du lait dans les canaux lactifères, ce qui crée un terrain favorable à la prolifération bactérienne. Ce phénomène peut être causé par :

  • Un canal lactifère obstrué, empêchant l’évacuation complète du lait.
  • Une infection bactérienne, généralement par Staphylococcus aureus, qui peut pénétrer par des fissures du mamelon.
  • Un écoulement insuffisant du lait, dû à un allaitement irrégulier ou à une succion inefficace du nourrisson.

Causes de mastite non lactationnelle

Chez les femmes qui n’allaitent pas, la mastite peut avoir diverses origines :

  • La mastite périductale, dont la cause exacte reste inconnue, mais qui est fortement associée au tabagisme, entraînant une inflammation des canaux lactifères sous-aréolaires.
  • La mastite granulomateuse idiopathique (MGI), une maladie inflammatoire rare qui peut être liée à une réponse immunitaire anormale ou à une infection bactérienne.

Facteurs de risque de la mastite

Certaines conditions favorisent l’apparition d’une mastite en perturbant l’évacuation du lait ou en fragilisant les tissus mammaires. Chez les femmes allaitantes, un antécédent de mastite, des lésions du mamelon ou une succion inefficace du nourrisson augmentent le risque d’inflammation et d’infection. Une vidange incomplète du sein, un allaitement irrégulier ou un sevrage brutal favorisent également la stagnation du lait, créant un terrain propice à la prolifération bactérienne.

Des facteurs liés à l’état général de la mère, comme la fatigue, le stress ou une alimentation déséquilibrée, peuvent affaiblir le système immunitaire et rendre l’organisme plus vulnérable aux infections.

En dehors de l’allaitement, la mastite peut être favorisée par le tabagisme, qui entraîne une inflammation chronique des canaux lactifères, augmentant ainsi le risque d’abcès. L’obésité et le diabète sont également suspectés de jouer un rôle, en raison de leur impact sur la circulation sanguine et la réponse immunitaire.

Diagnostic de la mastite

Le diagnostic de la mastite repose principalement sur l’examen clinique, mais des examens complémentaires peuvent être nécessaires en cas de doute.

Examen clinique

La mastite est souvent identifiée grâce à des signes visibles :

  • Une zone rouge, douloureuse et enflée sur un sein.
  • Une fièvre supérieure à 38°C associée à des symptômes pseudo-grippaux.
  • Une induration localisée, parfois accompagnée d’un écoulement purulent au niveau du mamelon.

Examens complémentaires

Des tests supplémentaires peuvent être requis dans certains cas :

  • L’échographie mammaire, indiquée si une masse ou un abcès est suspecté.
  • Une culture de lait maternel, recommandée en cas de mastite sévère ou récidivante pour identifier l’agent pathogène.
  • Une ponction à l’aiguille fine, utilisée si un abcès est suspecté pour confirmer la présence de pus et déterminer la bactérie responsable.
  • Une biopsie mammaire, effectuée lorsque la mastite ne répond pas au traitement standard afin d’exclure une pathologie sous-jacente comme un cancer inflammatoire du sein.

Traitements de la mastite

La prise en charge de la mastite dépend de son origine et de la gravité des symptômes. Pour les formes légères à modérées, un traitement symptomatique est généralement suffisant. Il repose sur le maintien de l’allaitement ou l’évacuation régulière du lait à l’aide d’un tire-lait, une hydratation adéquate et la prise d’anti-inflammatoires pour soulager la douleur. L’application de compresses chaudes avant les tétées facilite le drainage du lait, tandis que des compresses froides après l’allaitement peuvent réduire l’inflammation et la douleur

Si les symptômes persistent ou s’intensifient après 24 à 48 heures, un traitement médicamenteux peut être nécessaire. Les antibiotiques sont généralement prescrits pour traiter une éventuelle infection bactérienne. En cas de réaction insuffisante au premier traitement, un ajustement peut être envisagé afin de cibler plus précisément la bactérie responsable.

Lorsque la mastite évolue vers un abcès, un drainage est parfois requis. Cette intervention, réalisée sous guidage échographique, permet d’évacuer le pus et de soulager l’inflammation. Dans les cas les plus sévères, une prise en charge chirurgicale peut être envisagée.

Evolutions et complications possibles

Lorsqu’elle est traitée rapidement, la mastite guérit généralement sans laisser de séquelles. Toutefois, si l’inflammation n’est pas prise en charge, elle peut s’aggraver et conduire à des complications. La formation d’un abcès est l’une des évolutions les plus fréquentes. Il se manifeste par une masse douloureuse et fluctuante nécessitant un drainage.
Chez certaines patientes, la mastite peut récidiver, en particulier si les facteurs favorisants ne sont pas corrigés. Une inflammation prolongée ou mal soignée peut aussi entraîner des fistules mammaires, qui nécessitent une intervention chirurgicale.
Il est également important de différencier une mastite persistante d’un cancer inflammatoire du sein. Si les symptômes ne s’améliorent pas malgré un traitement adapté, des examens complémentaires comme une biopsie doivent être réalisés pour écarter toute autre pathologie.

Prévention de la mastite

Prévenir la mastite passe avant tout par une bonne gestion de l’allaitement. Il est recommandé d’allaiter régulièrement et de s’assurer que le sein est bien drainé après chaque tétée. Une position correcte du nourrisson et une bonne prise du sein réduisent également le risque d’engorgement et de crevasses, qui peuvent être une porte d’entrée pour les infections.
Il est conseillé d’éviter les vêtements trop serrés qui pourraient comprimer les seins et entraver l’évacuation du lait.

Chez les femmes non allaitantes, certaines précautions peuvent également être prises pour limiter le risque de mastite. L’arrêt du tabac est fortement recommandé, car il réduit l’inflammation des canaux mammaires et diminue le risque de complications. Une alimentation équilibrée et une bonne hydratation contribuent à maintenir un système immunitaire efficace et à prévenir les infections.

Quand contacter le médecin ?

Si la douleur mammaire persiste au-delà de 24 à 48 heures malgré une évacuation régulière du lait et l’application de soins symptomatiques, une consultation médicale est nécessaire. L’apparition d’une fièvre élevée, de frissons ou d’un état général altéré peut indiquer une infection nécessitant un traitement adapté.

Un sein rouge et chaud qui ne s’améliore pas malgré la prise d’antibiotiques doit aussi être évalué. La présence d’une masse persistante ou fluctuante peut révéler un abcès mammaire, qui nécessitera un drainage. Enfin, une mastite qui ne guérit pas après plusieurs traitements doit faire l’objet d’investigations complémentaires pour exclure une pathologie sous-jacente.

La prise en charge à l’Hôpital de La Tour

L’Hôpital de La Tour propose une prise en charge complète des patientes souffrant de mastite, qu’elle soit liée ou non à l’allaitement. Grâce à une équipe spécialisée en gynécologie et en sénologie / centre du sein, les patientes bénéficient d’un accompagnement médical adapté, incluant un diagnostic précis et des traitements personnalisés.

Pour les mères allaitantes, l’Hôpital de La Tour met à disposition des conseillères en lactation, formées pour aider les patientes. Des ateliers d’accompagnement à l’allaitement maternel sont également proposés afin d’optimiser la mise en place de l’allaitement et d’apporter des solutions pratiques pour éviter l’engorgement et les crevasses du mamelon.

En cas de mastite nécessitant un suivi plus poussé, des examens d’imagerie, comme l’échographie mammaire, permettent d’évaluer la présence d’un abcès. Si un drainage est requis, il est réalisé sous contrôle échographique pour une intervention rapide et peu invasive.

FAQ sur la mastite

La mastite peut-elle guérir sans traitement ?
Dans certains cas, des mesures comme l’allaitement fréquent et l’application de compresses chaudes suffisent à résoudre l’inflammation. Toutefois, si les symptômes persistent plus de 24 à 48 heures, une prise en charge médicale est recommandée.

Dois-je arrêter l’allaitement en cas de mastite ?
Non, au contraire, il est préférable de poursuivre l’allaitement ou de tirer le lait pour éviter une aggravation de l’inflammation.

Comment reconnaître un abcès mammaire ?
Un abcès se manifeste par une masse douloureuse et fluctuante au niveau du sein, parfois accompagnée de rougeurs et de fièvre persistante. Une échographie permet de confirmer le diagnostic.

Quels sont les premiers signes d’une mastite ?
Les symptômes incluent une douleur localisée, une rougeur du sein, une sensation de chaleur et parfois des symptômes pseudo-grippaux comme des frissons et une fatigue intense.

Comment éviter la récidive d’une mastite ?
Un bon drainage du sein, un allaitement régulier et l’accompagnement par une conseillère en lactation peuvent réduire le risque de récidive.

La mastite peut-elle toucher les femmes qui n’allaitent pas ?
Oui, bien que plus rare, la mastite non lactationnelle peut survenir, notamment en lien avec le tabagisme ou certaines pathologies inflammatoires.

Quels sont les facteurs de risque principaux ?
Les crevasses du mamelon, un engorgement non traité, le tabagisme et certaines maladies sous-jacentes comme le diabète peuvent favoriser la survenue d’une mastite.

Le saviez-vous ?

Contrairement aux idées reçues, il est recommandé de continuer l’allaitement en cas de mastite. Le lait maternel reste sans danger pour le nourrisson, même si une infection est présente. L’évacuation régulière du lait favorise la guérison et réduit le risque d’aggravation.

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