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Troubles neurologiques fonctionnels

Les troubles neurologiques fonctionnels (TNF) désignent un ensemble de symptômes neurologiques qui ne peuvent être expliqués par une maladie lésionnelle du système nerveux. Bien que ces symptômes soient réels et invalidants, ils résultent d’un dysfonctionnement du cerveau plutôt que d’une atteinte structurelle identifiable. Le diagnostic repose désormais sur des signes cliniques positifs plutôt que sur l’exclusion d’autres pathologies, une avancée qui contribue à mieux reconnaître et prendre en charge ces troubles. Situés à l’interface entre neurologie et psychiatrie, les TNF illustrent la complexité des interactions entre le corps et l’esprit, et leur compréhension s’est affinée à la lumière des progrès en neuroimagerie fonctionnelle et en neurosciences cognitives.

Ces troubles, autrefois qualifiés de « conversion » ou « psychogènes », affectent chaque année des milliers de personnes et représentent jusqu’à 30 % des consultations neurologiques. Le terme « fonctionnel » traduit l’idée que la pathologie réside dans une altération du fonctionnement cérébral plutôt que dans une lésion détectable. L’approche thérapeutique actuelle repose sur une prise en charge multidisciplinaire visant à restaurer les capacités fonctionnelles du patient.

Symptômes d’un trouble neurologique fonctionnel

Les TNF se manifestent par une grande variété de symptômes, affectant tant la motricité volontaire que les fonctions sensitives ou sensorielles. Ces symptômes sont souvent fluctuants, pouvant apparaître soudainement ou évoluer de manière intermittente. Les troubles les plus fréquents concernent le mouvement. Certaines personnes ressentent une faiblesse musculaire ou une paralysie, sans qu'aucune lésion ne soit détectée dans les nerfs ou les muscles. D’autres présentent des tremblements, des secousses incontrôlables, ou encore une dystonie (contractions involontaires et prolongées des muscles), entraînant des postures anormales ou des mouvements inhabituels. La démarche peut aussi devenir instable ou maladroite, sans cause apparente visible sur les examens.

Les symptômes peuvent également concerner la sensibilité du corps. Certaines personnes ressentent une anesthésie, c’est-à-dire une perte de sensation sur une partie du corps, ou des paresthésies, sensations étranges comme des picotements, des engourdissements ou des fourmillements, sans explication médicale.

Peuvent également survenir des troubles de la parole (difficulté à parler ou voix altérée), des problèmes de vision (vision double ou floue) ou encore une perte d’audition temporaire. Certains patients rapportent des troubles cognitifs, comme des difficultés à se concentrer, à mémoriser ou à s’organiser mentalement, même si les tests cérébraux ne montrent pas d’anomalie.

Enfin, un type particulier de symptôme est celui des crises non épileptiques psychogènes : il s’agit d’épisodes ressemblant à des crises d’épilepsie (perte de conscience, mouvements involontaires), mais sans activité électrique anormale du cerveau. Ces crises ne sont pas simulées et peuvent être très perturbantes au quotidien.

Ces symptômes peuvent interférer de manière significative avec la vie quotidienne, limitant l’autonomie et affectant la qualité de vie au même titre que d’autres maladies neurologiques reconnues.

Causes d’un trouble neurologique fonctionnel

L’origine exacte des TNF est encore mal comprise et est multifactorielle. Contrairement aux idées reçues, les symptômes ne sont ni imaginaires ni feints. Il s’agit de troubles neurologiques authentiques, souvent associés à des anomalies dans le traitement de l’information par certaines régions cérébrales impliqués dans la régulation des émotions, l’attention et le contrôle moteur. Certains modèles neurocognitifs proposent que les symptômes émergent d’une défaillance du contrôle moteur volontaire ou d’un traitement sensoriel altéré. Ces mécanismes peuvent être renforcés par des processus d’attention dirigée vers le corps, des attentes erronées, ou une hypersensibilité au stress.

Par ailleurs, un événement déclencheur est fréquemment rapporté, comme un traumatisme physique, un stress émotionnel intense, ou une maladie aiguë. Toutefois, dans environ la moitié des cas, aucun facteur déclenchant évident n’est identifié.

Des antécédents de troubles psychiatriques (anxiété, dépression, troubles dissociatifs) ou de traumatismes précoces (abus ou négligence durant l’enfance) sont également fréquemment retrouvés, sans pour autant être systématiques.

Facteurs de risque d’un trouble neurologique fonctionnel

Le développement d'un trouble neurologique fonctionnel peut être favorisé par une multitude de facteurs de risque. Bien qu’aucun profil unique ne puisse prédire avec certitude l’apparition de la maladie, certaines prédispositions individuelles sont observées de manière récurrente dans les études cliniques.

Le fait d’avoir un antécédent de maladie neurologique, comme une épilepsie ou des migraines, semble favoriser l’apparition de troubles fonctionnels. De même, un traumatisme physique, une blessure ou même une opération peuvent agir comme facteur déclencheur, en perturbant les circuits nerveux impliqués dans la perception corporelle et le contrôle moteur. Chez de nombreux patients, ces épisodes peuvent être perçus comme un catalyseur, sans que la personne ait conscience du lien entre l’événement et les symptômes.

Les antécédents de troubles psychiques jouent également un rôle notable. L’anxiété, la dépression ou les troubles dissociatifs, parfois présents dès l’enfance, constituent des facteurs de vulnérabilité. Une exposition précoce à des situations d’abus, de négligence ou de stress prolongé a également été relevée dans une proportion importante des cas. Toutefois, plus de la moitié des patients n’ont pas de facteur psychologique identifiable, ce qui met en évidence la complexité multifactorielle du trouble.

Les femmes semblent plus fréquemment concernées que les hommes, bien que la différence tende à s’atténuer aux âges extrêmes de la vie.

Diagnostic d’un trouble neurologique fonctionnel

Traditionnellement, le diagnostic des TNF s'établissait par un processus d'exclusion systématique : les symptômes étaient considérés « inexpliqués » uniquement après avoir écarté méthodiquement toute pathologie sous-jacente. Cette approche a laissé place à une méthode plus structurée, reposant sur des critères positifs. Aujourd’hui, les cliniciens s’attachent à détecter des signes cliniques spécifiques, observables à l’examen, et qui permettent d’identifier un trouble fonctionnel de manière directe.
Ces signes ne relèvent pas de l’imagerie cérébrale ou des tests biologiques classiques, lesquels restent généralement normaux. Ce sont plutôt des anomalies de la performance motrice ou sensorielle, fluctuantes, incohérentes avec l’anatomie neurologique connue, ou qui s’atténuent lorsque l’attention du patient est détournée. Ce caractère de « variabilité » est un marqueur fondamental du diagnostic positif.
La neuroimagerie fonctionnelle a permis de documenter des altérations du fonctionnement des circuits cérébraux impliqués dans le contrôle moteur, l’attention, la conscience de soi et la régulation émotionnelle. Ces résultats confortent l’idée que le dysfonctionnement est réel, même en l’absence de lésion anatomique et soulignent qu’il s’agit bien d’une maladie à part entière.

Le diagnostic repose généralement sur l’expertise conjointe du neurologue et, selon les cas, d’un psychiatre ou d’un psychologue spécialisé.

Traitements d’un trouble neurologique fonctionnel

Le traitement des troubles neurologiques fonctionnels repose sur une approche multidisciplinaire, personnalisée et progressive. Il ne s’agit pas d’un traitement unique, mais d’un parcours de soins structuré qui combine l’éducation thérapeutique, la réadaptation fonctionnelle et, si nécessaire, un soutien psychologique.

La première étape essentielle du traitement est la compréhension du diagnostic par le patient. L’explication que les symptômes sont réels, qu’ils ne sont pas imaginés ou feints, et qu’ils résultent d’un dérèglement du fonctionnement cérébral, représente un levier thérapeutique à part entière. Elle permet souvent une première amélioration des symptômes et ouvre la voie à une collaboration active avec les soignants.

Selon les manifestations cliniques, les approches rééducatives sont privilégiées. La physiothérapie et l’ergothérapie ciblent les troubles moteurs comme les paralysies ou les troubles de la marche, en utilisant des techniques spécifiques qui exploitent la plasticité cérébrale. Pour les crises dissociatives, la psychothérapie, notamment les approches cognitivo-comportementales, est particulièrement indiquée. Ces interventions visent à restaurer la perception du contrôle sur les mouvements et à désensibiliser les réponses émotionnelles ou corporelles associées aux symptômes.

Dans certains cas, des traitements médicamenteux peuvent être proposés, non pas pour le TNF lui-même, mais pour traiter des troubles associés comme l’anxiété ou la dépression. L’implication d’une équipe pluridisciplinaire, est souvent la clé d’une amélioration durable.

Evolutions et complications possibles

L’évolution d’un trouble neurologique fonctionnel est souvent imprévisible. Certains patients voient leurs symptômes s’atténuer de manière significative, voire disparaître, tandis que d’autres en conservent des séquelles durables. Plusieurs facteurs influencent cette trajectoire, notamment le délai entre l’apparition des symptômes et le diagnostic, et l’adhésion au traitement proposé.

Chez les personnes prises en charge précocement, une amélioration notable est fréquente. À l’inverse, lorsque le trouble s’installe dans la durée, des complications peuvent apparaître, telles qu’une perte d’autonomie, une altération de la qualité de vie, ou un isolement social. Il n’est pas rare que des douleurs chroniques, une fatigue persistante ou des troubles cognitifs comme des difficultés de concentration s’ajoutent aux symptômes initiaux.

Un facteur aggravant bien documenté est la méconnaissance du trouble, aussi bien par les patients que par certains professionnels. Les examens médicaux répétés, l’absence d’explication claire ou les doutes exprimés sur la véracité des symptômes peuvent accentuer l’anxiété, renforcer les symptômes et compliquer la rémission.

Prévention d’un trouble neurologique fonctionnel

Il n’existe pas de méthode sûre pour prévenir l’apparition d’un TNF, car les causes exactes restent complexes et variables d’un individu à l’autre. Toutefois, certaines mesures peuvent réduire les risques ou limiter l’intensité des symptômes.
Apprendre à gérer le stress au quotidien, exprimer ses émotions dans un cadre sécurisé, ou encore maintenir un mode de vie équilibré (sommeil, alimentation, activité physique) peut jouer un rôle protecteur.
Enfin, la prévention passe aussi par la reconnaissance précoce des symptômes. Une personne qui remarque une faiblesse inexpliquée, des tremblements, ou des pertes de sensation soudaines ne doit pas hésiter à consulter. Un diagnostic posé tôt permet souvent une évolution plus favorable.

Quand contacter le médecin ?

Il est important de consulter un professionnel de santé dès l’apparition d’un symptôme inhabituel, surtout s’il interfère avec les activités quotidiennes. Cela peut inclure :

  • Une faiblesse soudaine dans un membre.
  • Des tremblements inexpliqués.
  • Une crise ressemblant à une crise d’épilepsie.
  • Des malaises
  • Des difficultés à parler ou à avaler.
  • Des sensations anormales dans le corps (engourdissement, picotements…).

Même si ces symptômes ne s’expliquent pas par une maladie visible sur les examens, ils doivent être pris au sérieux. Plus le diagnostic est posé rapidement, plus les chances de récupération sont élevées.
Il ne faut pas attendre que les troubles deviennent chroniques pour en parler. Si le diagnostic de TNF est confirmé, une prise en charge adaptée peut améliorer les symptômes et prévenir leur aggravation.

La prise en charge à l’Hôpital de La Tour

À l’Hôpital de La Tour, les patients atteints de troubles neurologiques fonctionnels bénéficient d’une approche pluridisciplinaire, coordonnée et centrée sur la personne. Cette prise en charge repose sur la complémentarité entre neurologues, psychologues, physiothérapeutes ou de soins infirmiers spécialisés.

Le parcours de soin débute souvent par une consultation neurologique spécialisée, qui permet de poser un diagnostic clair et rassurant. Une fois le trouble identifié, un plan de traitement personnalisé est élaboré avec le patient. L’objectif est de restaurer la fonction et l’autonomie du patient, en valorisant ses ressources personnelles, tout en évitant les examens inutiles ou la chronicisation des symptômes.

FAQ sur les troubles neurologiques fonctionnels

Le trouble neurologique fonctionnel est-il une maladie mentale ?
Non. Il s’agit d’un trouble du fonctionnement cérébral, situé à l’interface entre la neurologie et la psychiatrie. Les symptômes sont réels, non simulés, et souvent très invalidants.

Est-ce que cela peut se guérir ?
Oui, de nombreux patients s’améliorent, voire guérissent, surtout lorsque le diagnostic est posé tôt et que la prise en charge est adaptée.

Comment différencier un TNF d’une maladie neurologique classique ?
Les troubles neurologiques fonctionnels se distinguent par l’absence de lésion visible sur les examens (IRM, EEG). Le diagnostic repose sur des signes cliniques spécifiques, comme une variation des symptômes selon le contexte ou leur disparition transitoire lors d’une distraction. Contrairement à une pathologie lésionnelle, le cerveau « fonctionne mal » mais n’est pas abîmé.

Quels sont les premiers signes d’un trouble neurologique fonctionnel ?
Les symptômes initiaux peuvent inclure une faiblesse musculaire, des tremblements, des troubles de l’élocution ou encore des crises convulsives sans anomalie électrique. Certains patients ressentent des engourdissements, une vision floue ou des pertes de mémoire. Ces manifestations peuvent être soudaines ou s’installer progressivement.

Les examens médicaux sont-ils toujours normaux ?
Généralement oui. Les imageries cérébrales ou les tests neurologiques classiques sont normaux, mais cela n’invalide pas les symptômes.

Est-ce un trouble chronique ?
Il peut l’être, mais il ne l’est pas nécessairement. Avec un accompagnement adapté, l’évolution peut être favorable.

Est-ce que le stress joue un rôle ?
Souvent, mais pas toujours. Un stress ou un traumatisme peut déclencher les symptômes, mais ce n’est pas une règle absolue.

À qui dois-je m’adresser si je pense avoir un TNF ?
Le premier interlocuteur est souvent le médecin traitant. Celui-ci peut orienter vers un neurologue, qui confirmera le diagnostic à l’aide de signes cliniques spécifiques. Selon les cas, une prise en charge par un psychologue, un psychiatre ou un kinésithérapeute spécialisé pourra compléter le parcours de soins.

Le chiffre

C'est le pourcentage de patients en neurologie qui consultent à l'Hôpital de La Tour pour des troubles neurologiques fonctionnels.

Le saviez-vous ?

Le cerveau d’une personne atteinte d’un trouble neurologique fonctionnel ne présente pas de lésion visible, mais son fonctionnement est modifié. Les recherches en neuroimagerie montrent que certaines zones cérébrales ne communiquent pas correctement entre elles, ce qui altère la perception, le mouvement ou les émotions.
Ces anomalies sont réversibles. C’est pourquoi, avec un diagnostic clair et une prise en charge appropriée, une amélioration notable, voire une récupération complète, est possible pour de nombreux patients.

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