Rougeole

Les signes cliniques de la rougeole apparaissent généralement entre 6 et 21 jours après l’exposition au virus. Ils se développent en plusieurs phases successives.
La maladie débute par une période dite « prodromique » marquée par une fièvre élevée, un malaise général, une toux sèche, un écoulement nasal (coryza) et une conjonctivite avec rougeur oculaire. Ces symptômes ressemblent souvent à ceux d’un état grippal. Deux à trois jours après le début de cette phase, de petites taches blanchâtres apparaissent à l’intérieur de la bouche, connues sous le nom de taches de Koplik.
Environ trois à cinq jours après les premiers symptômes, une éruption cutanée caractéristique se manifeste. D’abord visible sur le visage, avant de s’étendre en direction du cou, du tronc et des membres. Chez certains patients, la fièvre peut s’intensifier au moment de l’éruption, atteignant parfois 40 °C. Des symptômes respiratoires comme une pharyngite ou une toux persistante peuvent s’aggraver au pic de l’éruption.

La rougeole est provoquée par un virus appartenant au genre Morbillivirus, de la famille des Paramyxoviridae. Ce virus se transmet exclusivement entre humains, principalement par voie aérienne.
La transmission s’effectue lorsqu’une personne infectée tousse, éternue ou parle, projetant ainsi des gouttelettes respiratoires en suspension dans l’air. Ces particules peuvent rester infectieuses pendant plusieurs heures dans l’environnement. Le virus peut aussi se transmettre par contact direct avec des surfaces contaminées, puis par auto-inoculation en portant la main à la bouche, au nez ou aux yeux.
Le virus infecte initialement les cellules immunitaires présentes dans les voies respiratoires, puis se propage à travers le système lymphatique, atteignant la rate, les ganglions, et revenant dans les voies respiratoires d’où il est à nouveau excrété.

La rougeole figure parmi les pathologies virales les plus facilement transmissibles d'un individu à l'autre, touchant surtout les personnes non vaccinées. Le principal facteur de risque demeure l'absence d'immunisation. Toute personne n’ayant pas été vaccinée avec deux doses de vaccin ou n’ayant jamais contracté la rougeole est exposée au risque d’infection.
Certaines populations sont particulièrement vulnérables. Le risque de complications sévères est significativement plus important pour les nourrissons de moins d'un an, les femmes enceintes et les patients immunodéprimés. Les jeunes adultes, partiellement ou non vaccinés, sont également souvent touchés, notamment lors de séjours dans des zones à risque. Le voyage international constitue ainsi un facteur aggravant, en particulier dans les régions à faible couverture vaccinale ou en situation épidémique.

L'évaluation clinique constitue la base du diagnostic. La rougeole doit être suspectée face à un patient présentant fièvre et éruption cutanée. Les taches de Koplik, petites lésions blanchâtres sur fond rouge à l’intérieur de la bouche, représentent un signe distinctif de cette pathologie, sans toutefois être présentes dans tous les cas.

La confirmation biologique repose sur des analyses de laboratoire. On peut rechercher la présence d’anticorps spécifiques (IgM) dans le sang ou utiliser une PCR pour détecter l’ARN du virus dans des échantillons nasopharyngés ou urinaires. Dans un contexte de forte couverture vaccinale, cette confirmation est particulièrement importante pour éviter les diagnostics erronés. En Suisse, la déclaration de tout cas confirmé est obligatoire.

Aujourd’hui, il n’existe pas de traitement antiviral contre la rougeole. La prise en charge est essentiellement symptomatique, visant à soulager la fièvre, l’inconfort respiratoire et la déshydratation. Dans les formes sévères ou en cas d’hospitalisation, l’administration de vitamine A est recommandée pour réduire le risque de complications, en particulier chez les enfants.
En cas d’exposition récente, il est parfois possible de prévenir l’infection par la vaccination dans les 72 heures. Cette stratégie post-exposition permet de limiter l’évolution vers une forme grave, surtout chez les patients immunodéprimés.

La rougeole est bien plus qu’une simple maladie virale éruptive. Si la plupart des cas évoluent favorablement en une dizaine de jours, la maladie peut entraîner des complications graves. La plus fréquente est la pneumonie, qui peut nécessiter une hospitalisation en soins intensifs. D'autres complications notables incluent les otites, l’encéphalite (inflammation du cerveau), les atteintes oculaires et les hépatites.

Certaines formes très rares, mais redoutables, comme la panencéphalite sclérosante subaiguë (PESS), peuvent apparaître plusieurs années après une infection. Cette affection dégénérative du système nerveux central est toujours mortelle. De plus, la rougeole affaiblit durablement le système immunitaire, augmentant le risque d'autres infections dans les semaines ou mois suivant la guérison.

Pour se prémunir efficacement contre la rougeole, la vaccination demeure l'unique solution fiable. Le vaccin combiné ROR (Rougeole–Oreillons–Rubéole), désormais souvent associé à celui de la varicelle (RORV), est recommandé en Suisse avec une première injection dès 9 mois, complétée par un rappel à 12 mois. Pour ceux qui n’ont pas été vaccinés durant l’enfance, un rattrapage est possible à tout âge. Il est particulièrement important avant un voyage international, surtout en cas de destination dans une zone à risque. Une couverture vaccinale de 95 % est nécessaire pour empêcher la circulation du virus dans la population et éviter les épidémies, ce qu’on appelle l’immunité collective.
En cas de contact avec une personne atteinte de la rougeole, il est parfois possible de recevoir le vaccin dans les 72 heures ou des immunoglobulines dans les 6 jours, ce qui peut prévenir ou atténuer l’infection.

Face à la rougeole, le bon réflexe est de consulter un médecin dès l’apparition des premiers symptômes : fièvre, éruption cutanée, toux et conjonctivite. Si l’on sait avoir été en contact avec une personne infectée, ou si l’on revient d’une zone épidémique, une consultation médicale est indispensable, surtout pour les individus non vaccinés ou à risque. En cas de diagnostic confirmé, le médecin alertera les autorités sanitaires cantonales. Le malade devra rester isolé au moins jusqu’à cinq jours après l’apparition des tâches rouges Dans tous les cas, la rougeole nécessite une prise en charge sérieuse et rapide.

L’Hôpital de La Tour propose une prise en charge globale des maladies infectieuses. Le service d’urgences, ouvert 24h/24 et 7j/7, permet une prise en charge rapide, notamment en cas de complications comme la déshydratation ou les troubles respiratoires. Les cas les plus graves peuvent être transférés en soins intensifs pédiatriques ou adultes.

Combien de temps dure la rougeole ?
En général, entre 5 et 10 jours sans complication. Mais le système immunitaire peut rester affaibli plusieurs semaines.

Pourquoi faut-il deux doses de vaccin ?
Une seule dose ne suffit pas à protéger tout le monde. Deux doses permettent d’atteindre une efficacité proche de 100 %.

Est-ce une maladie infantile uniquement ?
Non. Les adultes non vaccinés peuvent également contracter la rougeole, avec des formes plus graves