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30.05.25

Sommeil et grossesse : comment mieux dormir ?

Pathologie
Le sommeil durant la grossesse joue un rôle essentiel dans le bien-être global de la future maman et de son bébé. Pourtant, de nombreuses femmes enceintes rencontrent des troubles du sommeil et des insomnies, pouvant affecter leur santé physique et mentale. Il est donc important de comprendre les mécanismes sous-jacents à ces perturbations pour mieux les détecter, les prévenir et les traiter.

Les principaux troubles du sommeil chez la femme enceinte

Pourquoi dort-on mal pendant la grossesse ?

Pendant la grossesse, plusieurs facteurs généraux peuvent favoriser l'apparition ou l'aggravation de troubles du sommeil, notamment :

  • La prise de poids et d’œdèmes peut augmenter le risque d’obstruction des voies respiratoires,
  • L’augmentation des niveaux de progestérone et d’œstrogène pendant la grossesse peut affecter la relaxation des muscles des voies respiratoires supérieures et faciliter l’apparition d'apnées,
  • La croissance de l’utérus qui exerce une pression sur le diaphragme et les poumons, réduisant ainsi la capacité respiratoire de la maman.

Il existe par ailleurs des troubles spécifiques pendant la grossesse.


Le Syndrome des Jambes Sans Repos

Le syndrome des jambes sans repos touche entre 20 % et 30 % des femmes enceintes, particulièrement au troisième trimestre. Il se manifeste par des sensations désagréables dans les jambes et un besoin irrépressible de les bouger, notamment le soir ou la nuit. Les causes possibles incluent :

  • Les fluctuations hormonales (hausse de la progestérone et de l’œstradiol)
  • La carence en fer (fréquente pendant la grossesse)
  • Les changements circulatoires (augmentation du volume sanguin)
  • La fatigue et le manque de sommeil

Ces symptômes disparaissent généralement après l’accouchement. Toutefois, près de la moitié des femmes ayant souffert du SJSR pendant une première grossesse en ressentiront de nouveau les effets lors de grossesses ultérieures.

La prise en charge SJSR pendant la grossesse sera la même que hors grossesse, à savoir :

  • Éviter le café, le thé, l’alcool et le tabac – qui sont de toute façon à éviter pendant la grossesse
  • Pratiquer de l’exercice physique modéré et régulier, des massages et des exercices d’étirement, porter des bas de contention
  • Pratiquer des techniques de relaxation.

Si ces mesures ne suffisent pas, il convient de rechercher une éventuelle carence en fer, en acide folique ou en vitamine B12, et éventuellement demander à votre médecin d’autres supplémentation telles que le magnésium.


Grossesse et Reflux Gastro-Oesophagien (RGO)

Deux tiers des femmes enceintes souffrent de reflux gastrique, et une sur quatre en ressent les effets quotidiennement. Le RGO est provoqué par la remontée d’acide gastrique dans l’œsophage, provoquant des brûlures, des douleurs thoraciques et une gêne nocturne pouvant affecter la qualité du sommeil.
Le RGO est plus fréquent aux deuxième et troisième trimestre, période durant laquelle l'utérus augmente significativement de volume. Il touche particulièrement les femmes ayant déjà des antécédents de reflux ou de troubles digestifs, mais il peut survenir chez toute femme enceinte.
Plusieurs éléments peuvent expliquer la fréquence accrue du RGO chez les femmes enceintes :

  • L’augmentation de progestérone a un effet relaxant sur le sphincter œsophagien inférieur, une valve qui sépare l'estomac de l'œsophage. Il en résulte une remontée facilitée du contenu gastrique dans l'œsophage.
  • La pression de l’utérus grandissant sur l'estomac, qui accentue les remontées acides, surtout après les repas ou en position allongée.

Astuces pour gérer le RGO pendant la grossesse

En première intention et comme pour de nombreux autres troubles durant la grossesse, une approche focalisée sur le mode de vie est à privilégier :

  • Attendre 2 à 3 heures après un repas avant de se coucher
  • Privilégier des repas légers et fréquents
  • Éviter les aliments déclencheurs (acides, épicés, gras, boissons gazeuses, café, chocolat)
  • Surélever la tête du lit et dormir sur le côté gauche
  • Éviter les vêtements serrés à la taille
  • Consommer des infusions de camomille ou de gingembre peut contribuer à apaiser l’estomac, bien que l’efficacité soit variable.

Traitements médicaux

Si les mesures hygiéno-diététiques ne suffisent pas, des antiacides à base de calcium peuvent être utilisés. En cas de symptômes persistants, les médecins peuvent prescrire des inhibiteurs de la pompe à protons ou des antagonistes des récepteurs H2, en s’assurant de leur sécurité pour la grossesse. Dans certains cas rares, une consultation en gastroentérologie ou une endoscopie peuvent être envisagées.


Les envies fréquentes d’uriner

Dès les premières semaines de grossesse, de nombreuses femmes remarquent une augmentation de la fréquence des mictions, y compris durant la nuit. Cette hyperactivité vésicale s’explique par des facteurs hormonaux, notamment l’effet vasodilatateur de la progestérone, qui stimule l’irrigation des reins et donc la production d’urine. Plus tard dans la grossesse, l’utérus, en s’élargissant, exerce une pression directe sur la vessie, réduisant sa capacité de remplissage. Ce phénomène devient plus prononcé au deuxième et troisième trimestre. Enfin pendant la grossesse, le volume sanguin augmente pour soutenir la croissance du bébé. Ce volume supplémentaire est filtré par les reins, ce qui augmente la production d'urine.

Conseils pour gérer les envies fréquentes d'uriner pendant la grossesse

Pour réduire les réveils nocturnes, il est recommandé de limiter la consommation de liquides, en particulier les boissons contenant de la caféine ou des diurétiques, avant de se coucher. Certains aliments irritants pour la vessie, comme les agrumes ou les tomates, peuvent également être évités si nécessaire.

Douleurs grossesse

Douleurs physiques et posturales

Les douleurs corporelles figurent parmi les causes majeures d’un sommeil fragmenté pendant la grossesse. Elles sont généralement bénignes, mais peuvent être particulièrement gênantes, affectant la qualité du sommeil et le bien-être général de la future maman.

Types de douleurs qui sont courantes pendant la grossesse

Douleurs lombaires et dorsales. L'augmentation du poids du ventre, le changement de posture, et l'assouplissement des ligaments sous l'effet de la progestérone peuvent entraîner des douleurs dans le bas du dos, la région lombaire, et la colonne vertébrale.
Douleurs pelviennes : l’élargissement du bassin qui accompagne la grossesse, ainsi que l’assouplissement des ligaments et des articulations pelviennes sous l'influence des hormones, peuvent provoquer des douleurs au niveau du bas-ventre, du bassin et des hanches. Ce phénomène est parfois désigné sous le nom de symphysite pubienne.
Douleurs aux jambes et aux pieds : l'augmentation du poids corporel, la rétention d'eau, et la circulation sanguine modifiée pendant la grossesse peuvent entraîner des douleurs dans les jambes, les chevilles et les pieds.
Sciatique et douleurs nerveuses : l'utérus en croissance peut appuyer sur les nerfs du bas du dos, notamment le nerf sciatique, entraînant des douleurs irradiantes dans les fesses, les cuisses et les jambes. Ce phénomène est plus fréquent à partir du deuxième trimestre.
Douleurs abdominales et de croissance utérine : le développement de l'utérus peut provoquer des douleurs dans le bas-ventre, souvent ressenties comme des tiraillements ou des spasmes. Celles-ci sont généralement liées à l'étirement des ligaments ronds qui soutiennent l'utérus, ou à la croissance de l'utérus qui exerce une pression sur les organes environnants.
Ces douleurs peuvent être confondues avec des contractions utérines. Les contractions utérines préparatoires, appelées contractions de Braxton Hicks, se manifestent souvent à partir de la 28ème semaine de grossesse, par une sensation de tension du ventre, généralement indolore et irrégulière. Les contractions utérines de travail, quant à elles, sont plus intenses, régulières et deviennent de plus en plus fréquentes. Elles peuvent débuter dans le bas du dos avant de se propager vers l’avant du ventre, annonçant ainsi le début du travail. Si vous avez un doute, appelez votre sage-femme, votre médecin ou notre maternité.

Conseils pour améliorer le sommeil malgré les douleurs

Pour atténuer ces inconforts, il est recommandé de dormir sur le côté gauche, position qui favorise le retour veineux et soulage la pression sur certains organes. L'utilisation de coussins de maternité pour soutenir le ventre, les hanches et le bas du dos peut offrir un confort appréciable. Des exercices de relaxation, des étirements doux ou la pratique du yoga prénatal contribuent également à réduire les tensions. L’utilisation de bouillottes ou de compresses chaudes appliquées sur les zones douloureuses peut offrir un soulagement temporaire. L’adoption d’une bonne posture pendant la journée peut prévenir l’aggravation des douleurs. Enfin, en cas de douleurs persistantes, des approches complémentaires comme la physiothérapie, l’ostéopathie ou l’acupuncture peuvent s’avérer utiles.


Grossesse et nez bouché

La congestion nasale touche fréquemment les femmes enceintes, parfois dès le premier trimestre. Elle s’explique en partie par une rhinite hormonale, provoquée par la dilatation des vaisseaux sanguins dans les muqueuses nasales sous l'effet des œstrogènes et de la progestérone. Cette gêne respiratoire, bien qu’inoffensive dans la majorité des cas, perturbe la qualité du sommeil et peut accentuer la sensation de fatigue. Dans certains cas, l’obstruction nasale peut avoir d’autres causes comme une rhinite allergique ou des infections respiratoires. Dans les cas de rhinite allergique, certains médicaments comme les antihistaminiques et les gouttes nasales peuvent être utilisés pour soulager les symptômes, après avis médical.

Si la cause est allergique, un traitement adapté pourra être envisagé, à condition qu’il soit validé par un professionnel. Certaines solutions locales ou antihistaminiques spécifiques sont considérées comme sûres pendant la grossesse. En cas de gêne persistante ou sévère, une consultation avec un ORL permettra de poser un diagnostic plus précis et de proposer un traitement approprié.


Grossesse et anxiété

La grossesse est souvent synonyme de bouleversements émotionnels. Sur le plan psychologique, elle ouvre une période durant laquelle la femme est plus réceptive et de ce fait vulnérable. Ce phénomène est appelé "transparence psychique". Durant cette phase, les inquiétudes relatives à l’accouchement, à la santé du bébé ou à la parentalité émergente deviennent plus prégnantes. Ces préoccupations, bien que naturelles, peuvent engendrer un stress chronique, nuisant à la détente et à la capacité d’endormissement.

Il est essentiel de reconnaître ces émotions et d’en parler. Si vous ressentez de l’anxiété, de l’inquiétude ou des pensées obsédantes, n’hésitez pas à en parler. Les professionnels de santé, qu’il s’agisse des sages-femmes, des médecins ou des psychologues, sont là pour écouter, soutenir et orienter les femmes vers des ressources adaptées : groupes de soutien, séances de relaxation, ou encore thérapies cognitivo-comportementales. Un accompagnement psychologique peut faire une réelle différence pour apaiser l’esprit et améliorer le sommeil.


Conclusion

Bien que les troubles du sommeil soient fréquents pendant la grossesse, ils ne doivent pas être considérés comme une fatalité. Comprendre les causes physiologiques, hormonales et émotionnelles qui les provoquent permet non seulement de mieux les vivre, mais surtout d’y apporter des réponses concrètes. Adapter son hygiène de vie, reconnaître les signaux d’alerte, solliciter les professionnels de santé en cas de besoin : autant de démarches qui favorisent un meilleur repos nocturne.

Chaque femme vit sa grossesse différemment. Il est donc essentiel d’adopter une approche personnalisée, respectueuse du corps et des émotions. Un sommeil de qualité n’est pas un luxe pendant cette période si particulière, mais une composante essentielle du bien-être maternel et fœtal.